Resumé des Conférences des Amis des Sciences et des Techniques
Résumé
La chimie, longtemps considérée comme une science purement descriptive – malgré les lois dont elle s’est dotée après les travaux de Lavoisier – n’a pas échappé au mouvement de mathématisation qui a marqué tous les domaines de l’activité humaine, et pas seulement scientifique. A tel point que l’on a pu attribuer à cette « invasion des mathématiques » la transformation de notre société*.
Les raisons de cette "invasion" sont multiples. Les rechercher permet de les comprendre. Elles tiennent à la nature même des mathématiques, à leur caractère universel et unitaire, ainsi qu’à l’évolution du concept de connaissance expérimentale. Longtemps réticente à utiliser des résultats ou des méthodes qui ne lui sont pas propres, la chimie a finalement accepté cette langue universelle, incontournable, mais lentement. Et ce sera, surtout au départ, plutôt le fait de mathématiciens ou de physiciens mécanistes se préoccupant de chimie que de chimistes eux-mêmes, si l’on exclut Lavoisier ou Lomonossov.
A partir de l’analyse de ce mouvement de mathématisation, nous verrons quelles furent les oppositions qui le freinèrent, les arguments qui le favorisèrent et les apports qui en découlèrent. Nous tenterons de cerner ce qui a amené au triomphe de la mathématisation, vers les années 1950, de déterminer quelles en sont les limites et quels développements on peut encore en attendre : modélisation, chimie quantique, par exemple.
(*)A. Warusfel, Science et Avenir, numéro spécial n°11, p. 6, 1974

Jean-Pierre Millet est diplômé Ingénieur de l'Ecole Supérieure de Chimie Industrielle de Lyon en 1971, Docteur ès-Sciences de l'INSA de Lyon et de l'Université Claude Bernard Lyon 1 en 1978, Docteur de 3ème Cycle en philosophie (Epistémologie) de l'Université Jean Moulin Lyon III en 1985. Il a été nommé Professeur des Universités en 1993